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Véronique Langlais

31 mai 2021

Véronique Langlais

Bouchère associée de la boucherie Meissonier
Présidente du syndicat des bouchers de Paris

Véronique Langlais, suit une formation hôtelière à l’école Jean Drouant d’où elle sortira diplômée avec un CAP cuisine, CAP service, BEP cuisine, BEP Service, BTH cuisine et CAP mention complémentaire en pâtisserie.

Ces cinq années d’études lui ouvriront les portes de très beaux restaurants. Après quelques années passées dans la restauration, cette petite-fille et fille de boucher fera volte-face pour suivre les traces de ses parents. 

À 22 ans elle ouvre avec son mari leur premier commerce de boucherie. 

Reconnue pour son dynamisme, elle est élue présidente du syndicat des bouchers de Paris. Une grande première après 149 ans de présidence masculine.

Chaque année elle se lance dans un roadtrip à travers la France. Son but : rencontrer des producteurs et artisans passionnés. Travailler avec eux et les mettre en lumière. 

Cette passionnée de gastronomie aime expliquer les races à viande, leurs qualités gustatives et organoleptiques, attachées aux terroirs.

Elle insiste sur le rôle primordial du boucher, le définissant comme « acteur de bonheur ».

Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez jeune ?

Je ne rêvais certainement pas de travailler dans la boucherie. Ce métier m’avait pris mes parents. Ils étaient tout le temps à la boutique et rentraient tard à la maison. Si je voulais les voir, je devais travailler au magasin. Mais le métier de mes rêves était la cuisine, c’est pour ça que j’ai fait Jean Drouant. 

Mon poste à responsabilité dans la restauration m’éloignait trop de mon mari boucher. La hiérarchie était aussi trop contraignante. J’ai donc décidé de démissionner et de lancer notre affaire

Ça n’a pas été simple de convaincre les banquiers peu enclins à prêter de l’argent à un aussi jeune couple. 

Mais au moins on était libres.

Aujourd’hui, je suis très fière d’être bouchère, femme de boucher, sœur de boucher, mère de boucher, fille et petite-fille de boucher, nièce de boucher et humblement présidente du syndicat des bouchers de Paris.

Je suis la première femme présidente du syndicat en 149 ans et ça aussi j’en suis très heureuse.

Mais j’ai toujours besoin de me sentir libre

boutique

Y’a-t-il des métiers d’homme ou de femme dans les métiers de bouche ?

Non, je ne vois pas la vie en termes de genre. À mon sens c’est une question de motivation. Si vous êtes tenace, persévérante et motivée vous réussirez aussi bien qu’un homme.

La passion du métier m’a permis de dépasser les clichés sexistes.

 

La boucherie a l’image d’un métier d’homme parce qu’avant c’était très physique. Je me souviens, mon père avait connu l’abattage en tant que jeune boucher.

Il devait porter les carcasses. C’est moins le cas de nos jours, on a du matériel pour nous aider. 

Rencontrez-vous des problèmes pour concilier vie professionnelle et vie personnelle ?

Non, aucun problème, tout se fait naturellement.

J’ai des enfants maintenant grands, un mari, une boutique, des clients, le syndicat. Dans ma vie je ne me suis jamais dit « Ça je ne peux pas le faire ».

La vie est un challenge et c’est tellement agréable de trouver des solutions, de ne pas se mettre de limites.

 

C’est ce qui fait la beauté de la vie.

Faut-il se masculiniser, se viriliser, quand on est à votre place, pour se faire respecter ?

Non, je pense qu’il faut faire avec ses forces et ses faiblesses. Les femmes doivent rester ce qu’elles sont. Je ne me positionne pas en tant que femme, mais en tant qu’individu.

Il faut se fixer la barre haut, comme ça on peut être heureuse lorsque l’on arrive à la passer. Je reste naturelle et spontanée.

Je prends mon rôle syndical très au sérieux, mais je tiens à rester moi-même et cela se passe très bien.

Il m’est arrivé que des hommes ne veuillent pas travailler avec moi parce que je suis une femme. Ça ne m’a pas posé de problème. Je me suis toujours dit que nous n’avions rien à faire ensemble, voilà tout. 

Comment s’annonce l’avenir pour les femmes dans les métiers de bouche ?

Je pense que ça va se faire naturellement. On a une vision différente de celle des hommes. On ne touche pas toutes le couteau mais on a plein d’autres rôles à jouer. 

Les femmes peuvent prendre n’importe quelle place, il suffit qu’elles le veuillent.

Intimement, je préfère que l’on insiste sur la complémentarité entre les femmes et les hommes, plutôt que sur la notion d’égalité. Ce sont nos différences qui font la richesse d’un travail en commun.

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