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Marie-Laure Lestoquoy

28 mai 2021

Marie-Laure Lestoquoy

Bouchère cofondatrice

Après une licence en marketing et avoir été responsable du rayon jouets d’un grand magasin, Marie-Laure Lestoquoy se reconvertit dans le commerce de boucherie.

Elle travaille aujourd’hui en famille avec son frère, son père et son grand-père.

On ne dira donc pas que rien ne la prédestinait à faire ce métier, mais ce n’était pas son choix de départ. Elle a dû apprendre le métier sur le tas.

Aujourd’hui c’est une jeune femme passionnée qui est à la tête de la maison Lestoquoy, boucherie familiale depuis 1961.

Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez jeune ?

J’étais cavalière, je voulais en faire mon métier, par passion.
Mais je me suis lancée dans des études de marketing, et naturellement je me suis dirigée vers le commerce.

Après une première expérience en tant que responsable d’un rayon de jouets dans une grande surface, j’ai eu l’occasion de remplacer ma tante dans un commerce de boucherie et ça m’a passionnée.

Est-ce qu’on peut dire que c’est un métier d’homme ?

Est-ce qu’il y a encore des métiers d’hommes ? Certains côtés sont physiques, il faut pouvoir porter les carcasses. Mais je ne dirai pas que c’est un métier d’homme. 

Aujourd’hui, l’homme apporte toujours son physique, mais la femme apporte sa féminité, la finesse du produit. Je pense qu’il faut un peu des deux.

boutique

Rencontrez-vous des problèmes pour concilier vie professionnelle et vie personnelle ?

Oui et non. J’ai un conjoint qui comprend mon travail.

Je vais sur les marchés le week-end, il faut donc qu’on s’adapte.

Mais nous sommes soudés. Et puis quand on aime son métier, qu’on s’y sent bien, ça marche.

Avez-vous été, êtes-vous, confrontée à des préjugés du fait que vous êtes une femme ?

Je n’ai pas été confrontée à des préjugés, mais c’est sûr qu’on doit faire nos preuves vis à vis des hommes. On doit montrer qu’on est capable. On doit savoir de quoi on parle.

Ça reste un métier difficile. Il faut avoir du caractère. J’ai dû m’imposer, montrer que je voulais apprendre.

 

On est 9 dans la boutique. Il faut savoir ce qu’on veut. 

Mais je ne suis pas la seule femme. J’ai engagé une gérante qui sert en boutique et aussi deux apprenties.

Pensez-vous qu’il faudrait plus de femmes dans les métiers de bouche ?

Comme toujours, c’est une question d’équilibre. Il y a de plus en plus de femmes qui travaillent dans ces métiers. Et elles sont mises de plus en plus en avant.

Mais j’ai l’impression que depuis toujours, ce métier se fait à deux, en couple. Je me souviens qu’avant, ma grand-mère travaillait avec mon grand-père.

Et nous on travaille toujours en famille

Faut-il se masculiniser, se viriliser, quand on est à votre place, pour se faire respecter ?

Dans mon entreprise la question n’est pas d’être une femme ou un homme. Il faut surtout avoir envie, aimer le métier, aimer cuisiner aussi et le contact avec la clientèle.

Il faut garder sa personnalité, rester féminine si on l’est et ne pas se forcer si on l’est moins. 

C’est une fierté d’avoir une femme dans la boutique, parce que ça ouvre des perspectives pour le futur et les prochaines générations.

Quelle est l’importance de votre rôle au sein de l’entreprise ?

Je suis un peu partout, au marketing, à la gestion, à la comptabilité, derrière le comptoir à la vente. Je sais aussi faire l’essentiel des découpes, mais ça je l’ai appris sur le tas car je n’ai ni le CAP ni le BEP. Mon père m’apprend même à sélectionner des bêtes.

Je suis plus dans le vivant et j’adore ça. Je suis à la tête de l’entreprise, mais je ne suis pas toute seule. Et avec nos salariés, on forme une famille.

Même si je dois décider, on avance ensemble. C’est comme ça qu’on avance le mieux.

Y’a-t-il une forme de complicité entre les femmes des métiers de bouche ?


Oui, on se reconnaît, on s’entend bien. Quand il y a des animations, on se retrouve.

Aujourd’hui les femmes se mettent en avant. Aujourd’hui il faut compter avec nous. 

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